Comment choisir la bonne formation pour ses équipes ? Respecter les attentes, les besoins, le budget ? Élaborer un plan de développement des compétences ? Autant de questions qui traversent quasiment quotidiennement l’esprit des chargés de formation au sein des entreprises. Avec cette menace qui plane au-dessus des têtes : pourvu que la formation tienne toutes ses promesses et que les salariés y trouvent leur compte…
Les portes d’entrée pour choisir une formation pour ses équipes sont multiples. Et il y a toujours un écart entre le manuel du parfait chargé de formation et la réalité de terrain qui est faite de contraintes organisationnelles ou budgétaires, de changement de cap, de manque de temps.
Interview de Thomas Dubouchaud – Assistant Ressources Humaines chez Limoges Habitat
« La première chose que je regarde c’est s’ils sont ou non certifiés QUALIOPI. S’ils ne le sont pas, je suis presque sûr que je ne vais pas faire appel à eux. Sauf cas exceptionnel ou demande ultra-précise. Aller vers les grosses structures me rassure. Je sais qu’ils ont pignon sur rue. Même s’ils sont un peu plus chers parfois, je sais que je vais y trouver suivi, rigueur, contenu.
J’avoue une certaine réticence face à des formateurs freelances que je ne connais pas. Le fait qu’ils ne soient pas validés par un organisme m’incite un peu à la distance. »
Quel formateur choisir ?
« Quand nous faisons appel à des gros OF (Organisme de Formation), souvent le choix ne se pose pas en priorité car nous savons que le formateur se coulera dans le programme annoncé.
Pour des contenus ultras spécifiques, la formation est parfois portée par le formateur. Dans ce cas, on essaye sur une session et on fait le point. Si la pédagogie et le contenu nous conviennent, on continue avec ce formateur. C’est ce qui nous est arrivé il y a peu avec une formation gestes et postures, nous avons testé un tout petit cabinet et l’essai a été concluant. Nous continuerons de travailler avec eux. »
Quel contenu ?
« Je pose rarement la question s’il y a un programme très clair d’énoncé. Et quand bien même je poserai la question je risque d’avoir des réponses qui ne m’éclairent pas forcément. Si c’est un formateur qui fait ça depuis 20 ans il peut être enfermé dans son programme et ne pas tenir compte de mes demandes spécifiques et si je demande au commercial de l’OF, il peut être tenté de répondre ce que j’ai envie d’entendre pour ne pas me contrarier et risquer de perdre le client sans vraiment faire le lien avec le formateur. »
Comment construire une relation avec l’organisme de formation ?
« J’attache peu d’attention aux mails de démarchage ou aux coups de téléphone de prospection. Je dirai même qu’ils ont tendance à m’agacer. J’estime que c’est à moi de contacter l’organisme et à moi de choisir l’organisme de formation en fonction des besoins de ma structure au moment où moi je l’ai choisi.
L’idée de recevoir un commercial pour faire le point sur tous les besoins d’une structure comme on ferait sa liste de courses me dérange. J’ai l’impression dans ce cas de mettre tous mes œufs dans le même panier et de me couper de propositions d’autres OF qui pourraient être innovantes ou intéressantes. Mais parfois cette solution est tentante car elle nous fait gagner un temps fou. Le commercial nous connaît, je n’ai pas besoin de lui réexpliquer nos spécificités. »
Quelles modalités pédagogiques ?
« Nous avons la nécessité de chercher de nouvelles approches pédagogiques avec des nouveaux OF. Mais il y a toujours un décalage entre ce que nous aimerions proposer aux salariés et ce dont ils s’emparent. Par exemple, nous avons proposé des MOOC il y a peu. Le succès a été mitigé. Idem avec les modules de formations à distance asynchrones. Les salariés ne se sont pas emparés du projet.
À l’inverse, le mix présentiel/ distanciel Synchrone fonctionne plutôt bien. Idem quand on se pose la question de l’inter ou de l’intra. Sur certaines thématiques, sortir « des murs » de l’entreprise fait du bien. Sur d’autres, il y a besoin de rester dans nos locaux, avec les collègues pour construire une réponse opérationnelle par exemple.
Sur cette question, quel que soit l’organisme de formation ou le formateur choisi, nous devons prendre le temps de nous poser pour réinterroger ce que nous faisons déjà. Est-ce vraiment la bonne (ou la meilleure) façon de procéder ? »
Quelle évaluation ?
« Quand nous faisons appel à un nouvel OF ou à un formateur indépendant, pour le premier groupe, je mets en place une sorte de groupe témoin composé de gens qui pourront me faire un retour objectif et constructif. Quand nous savons que ce module de formation va concerner beaucoup de monde je m’inclus dans ce premier groupe, cela nous permet de valider ou de réajuster les contenus ou la méthode pour les sessions suivantes. »
Quels conseils pour un tout jeune conseiller formation ?
Ne pas attendre de reconnaissance ! Les gens ne voient pas forcément quand on fait bien notre travail.
Garder la main sur le choix des formations et des modalités, ce ne sont ni le commercial de l’OF ni le formateur qui connaissent les besoins exacts de votre structure. Ils sont là pour répondre à vos besoins et pas l’inverse.
Le chargé de formation n’est pas là pour se faire plaisir en programmant les formations qu’il rêverait de suivre. Il est là pour traduire en actions de formation la stratégie et les objectifs définis avec la DRH en adéquation avec le contexte interne à sa structure.
Avoir des critères d’évaluation clairs pour pouvoir rendre compte de son activité de chargé de formation auprès de la DRH : le nombre de personnes formées, le nombre de thématiques, le respect du budget, la satisfaction des attentes des salariés…
Les retours négatifs sont en fait des retours constructifs. Aller chercher au-delà de « je suis déçue, je m’attendais à trouver autre chose dans la formation » pour pouvoir en permanence ajuster l’offre de formation.
Profiter des retours positifs qui viennent alors valider les choix et/ou les risques que l’on a pris. Et nous confirmer que l’on fait un chouette métier ! »
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